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Mes travaux de recherche se penchent, de manière générale, sur les mutations urbaines à l'ère numérique. Sur le plan théorique, je questionne le destin de la ville dans un contexte de report d'une grande partie de nos rapports de notre vie collective à la sphère virtuelle, non pas en interrogeant le web en tant que tel, ni en considérant spécifiquement les transferts technologiques qui rendent la ville plus "intelligente", mais bien en tentant de saisir les contre-coups d'une sociabilité en mutation sur notre façon de concevoir, d'utiliser et de penser l'espace public urbain.

Urbanisme post-fonctionnaliste et aménagement en coulée

Étude de la forme urbaine du corridor Bonaventure

La démolition de la portion surélevée de l’autoroute Bonaventure en 2016 et sa transformation subséquente en vaste entrée de ville pour Montréal est une occasion unique d’évaluer le changement de paradigme opéré en urbanisme entre les années 1960 et 2010. Il est en effet intéressant de voir comment l’approche fonctionnaliste, favorisant la construction de vastes infrastructures monofonctionnelles, a laissé place à une conception antagonique de « l’espace partagé » où toutes les fonctions de circulation et de récréation convergent en des lieux communs, en des espaces signés par des manifestations artistiques et par un design favorisant les connexions. Que signifient ces nouvelles façons de faire la ville sur le plan sociologique? Nous partons ici de l’hypothèse que l’urbanisme post-fonctionnel constitue un vaste laboratoire où se recomposent des milieux de vie à l’image de ce que le sociologue Zygmunt Bauman appelle la « modernité liquide ». Différentes pratiques contemporaines traduisent en effet un désir de créer des espaces urbains plus fluides. Suivant Kevin Lynch, nous tentons d’évaluer dans ce projet de recherche si les éléments structurant la perception des villes s’hybrident plus qu’autrefois à travers l’étude du Projet Bonaventure. Plus concrètement, nous cherchons à savoir si la fracture cognitive qui existait depuis les années 1960 entre le Vieux-Montréal et Griffintown — que peu de visiteurs savent être côte à côte — pourra être réparée par la démolition de l’autoroute et son remplacement par un aménagement en coulée ponctué de « corridors créatifs » suivant les rues transversales qui coupent le corridor Bonaventure.

Négocier l'espace urbain esthétisé dans un quartier culturel

Étude sur la place des Habitations Jeanne Mance dans le Quartier des spectacles de Montréal (en collaboration avec Antonin Margier, Université Lille I)

Montréal met en place depuis une décennie un projet d’esthétisation des espaces publics visant à la doter d’un quartier des arts, labellisé ici le Quartier des spectacles. Occupant un kilomètre carré à l’est du centre-ville, ce secteur prend assise sur des équipements culturels déjà établis, mais autour desquels on tente maintenant de pérenniser son identité festive en déployant un large dispositif de places à usage hybride, de projections architecturales, d’œuvres d’art ainsi qu’un vaste système signalétique. Fait singulier, une part significative (1,800 personnes) des résidents du Quartier des spectacles vit aux Habitations Jeanne-Mance, un vaste complexe de logement social construit dans les années 1960. Si, au cours de cette première décennie de coexistence, l’ajout d’œuvres d’art sur le site du complexe résidentiel et le réaménagement de ses espaces communs a permis de désenclaver le site et de l’adapter à la nouvelle ambiance du secteur, il n’en demeure pas moins que l’intrusion de l’art en son sein amorce la renégociation de ses frontières socio-symboliques et annonce peut-être, selon notre étude, sa dissolution éventuelle. Ce projet de recherche, basé sur des entretiens avec les résidents l'ensemble des acteurs institutionnels liés à la gestion des Habitations Jeanne-Mance et du Quartier des spectacles, cherche à comprendre comment les projets de murales, de mosaïques et d’œuvres d’art public, en sus d’améliorer la qualité de vie d’habitants paupérisés occupant un vaste espace contesté au centre-ville, agit paradoxalement comme un cheval de Troie adaptant le site à l’ambiance festive du secteur, contredisant partiellement sa mission résidentielle.

Connecting the Dots: How Digital Culture is Changing Urban Design

Étude théorique sur l'effet de la culture numérique sur les formes urbaines

There are many ways to interpret the digital revolution's effect on urbanity, but there is little doubt that what we see today is merely the tip of the iceberg compared to the transformations to come. One question that has been raised recently is whether or not the form of cities will change following this technological revolution. Some have suggested that the recent digital mutations affect the way people live, but not how they use urban space (Wachter, 2010). Others, like architect Bernard Tschumi (Bürklin et Peterek, 2008), contend that the displacement of public space to the virtual realm will make the city increasingly generic, with plenty of neutral spaces – from the suburbs to the city cores – that don’t need to convey a message anymore, not to mention a specific set of functions, or even a unique urban ambiance. In this “Apple stores and Starbucks cafes” scenario, urbanity will surely be impoverished.

 

A third scenario, which is explored in this research project, is that the form of the city is bound to change when the coming generations of urban designers, planners, and users start to build cities that have similar spatial characteristics to cyberspace. This coming of age will see a new set of problems and solutions expressing our changing conception of urban life. If that cultural transfer form “cyber” to “urban” space indeed happens, a vibrant city will be one where public spaces are intertwined, immersive, and accessible at all times. Hence a satisfying user experience will allow one to move seamlessly from one “content” to the next (i.e., a building, an event, public art), following a set of signals (a light plan, thematic routes, green corridors, bridges and platforms) that indicates you are circulating within the network. I will even suggest that this type of spatial device that facilitate urbanity, identified here as “urban connectors”, have already started to appear in post-fonctionalist planning and are reshaping urbanity. One manifestation of this shifting paradigm is the way in which urban planners, in a constant attempt to reconnect every part of the urban body, insist on piercing monofunctional sectors, like railroad infrastructures or mass housing, with “cultural corridors”.

 

Looking at different examples in Montreal and elsewhere, this research project aims at opening a discussion on the changing nature of urbanity following the rise of digital culture. 

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